Hypatia, au travers de la littérature

Hypatie est le rêve du poète, immortelle telle une déesse éternellement jeune et belle… Le Temps lui-même semble se prosterner, se refuse à l’idée de sonner le glas…

2-Vue par les auteurs de son époque

Les anciennes sources principales sont Socrate le Scolastique, l’encyclopédie Byzantine Suda du Xe siècle, Damascius, la Vie d’Isodore.

Pour les historiens tels Gibbon, le meurtre d’Hypatie signifie la fin de la pensée libre et de la créativité dans le monde classique. Il vécut sa mort comme un exemple de la responsabilité du Christianisme dans le déclin de l’ancienne civilisation.

A- Palladas

Lorsque je porte mon regard sur toi et tes paroles, je m’incline, Whenever I look upon you and your words, I pay reverence,
Puisque c’est la demeure céleste de la Vierge que je vois. As I look upon the heavily home of the virgin.
Car tes préoccupations sont dirigées vers les cieux. For your concerns are directed at the heavens.
Vénérée Hypatie, toi qui personnifie la beauté du raisonnement, Revered Hypatia, you who are yourself the beauty of reasoning,
Étoile immaculée de la sage connaissance. The immaculate star of wise learning.

Je m'émerveille, ô Vierge sage, et je crois voir briller au fond des nuits l'Autre Vierge, stellaire.

Palladas semble célébrer, voire révérer, non pas l’engagement d’Hypatie face au Christianisme grandissant, mais son engagement en tant que femme. Il vante ainsi les qualités de l’éthique hellénistique, à savoir la beauté alliée au raisonnement et à la réflexion. En cela, il renoue avec l’ancien culte des valeurs grecques en cette Antiquité tardive romanisée et chrétienne.

B- Socrate le Scolastique

Historien grec contemporain d’Hypatie. Ses écrits, se distinguant par leur exactitude et leur précision, sont considérés comme la principale source nous renseignant sur Hypatie.

"A Alexandrie, vivait une femme du nom d'Hypatie. Elle était la fille du philosophe Théon. Elle avait bénéficié d'une formation si complète qu'elle surpassait tous les philosophes de son temps. Elle prit la tête de l'école platonicienne et enseigna à qui le demandait toutes les disciplines scientifiques. Elle se comportait vis-à-vis des autorités locales avec l'assurance que lui donnait sa formation et ne craignait pas de fréquenter librement les hommes. Tous, en effet, l'admiraient et la respectaient pour son intelligence exceptionnelle et sa grande force de caractère. Cette femme fut la victime de sombres machinations. Parce qu'elle rencontrait souvent Oreste, le gouverneur, le bruit courut parmi les chrétiens que c'était elle qui l'empêchait d'entretenir des relations amicales avec Cyrille, l'évêque d'Alexandrie. Plusieurs excités, conduits par le lecteur Petrus, fomentèrent un complot et attaquèrent Hypatie alors qu'elle rentrait chez elle. Ils la tirèrent de sa litière et l'entraînèrent dans l'église connue sous le nom de Césarion. Là, ils lui ôtèrent ses vêtements et la massacrèrent. Ils lui arrachèrent membre après membre, puis transportèrent ses restes au Cinaron pour les brûler. Ce crime rejaillit sur Cyrille et l'Église d'Alexandrie. Car qu'y a-t-il de plus éloigné pour ceux qui se réclament du Christ que l'assassinat et la violence physique?"

Socrate célèbre non seulement sa grâce, sa beauté, son intelligence mais également sa volonté déterminante. Non content de vanter les divers mérites de la chaste philosophe, il semble avoir fait sienne la cause d’Hypatie. En effet il juge impardonnable l’attitude hostile qu’elle a dû affronter en tant que femme, ainsi que les circonstances de sa mort. La forme et le fond de cette fin le choquent profondément. Il cite même : « Ce crime rejaillit sur Cyrille et l’Église d’Alexandrie », bien qu’il ne conte pas explicitement le rôle de Cyrille. Étant chrétien, il fut donc outré que sa religion si proche de la compassion ait pu commettre un tel forfait sur une personne qu’il admirait autant. De plus en tant que Novatien, il était en conflit ouvert avec Cyrille qui les persécuta.

Page suivante : Littérature (3): Synésios de Cyrène, Suidas, Baronius

 

La maison grecque | Alimentation | La médecine grecque | L'éducation | Les vases & leurs fonctions | La femme | Démocratie | Schéma: organisation de la cité | La monnaie | Le commerce & les colonies | Le théâtre | Les Jeux Olympiques | Socrate | Alexandre le Grand | Lysias | Les dieux grecs | Delphes | Les temples | Les troupes | La guerre de Troie | La Crète | Sparte | Mycènes | L'Acropole | Chypre | Art | Hypatia | Alexandrie | Le Christianisme | Glossaire | Chronologie | Liens | Accueil

© 2005 - Tous droits réservés
Si vous souhaitez reproduire partiellement ce site, merci de mentionner ce site en source :)